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.Chaque matin, à la levée du camp, c étaient des scènesd insubordination auxquelles la plupart des indigènes prenaient 189 part.Ces malheureux, il faut l avouer, accablés par la chaleur,dévorés par la soif, faisaient pitié à voir.D ailleurs, les bSufs etles chevaux, insuffisamment nourris d une herbe courte et sè-che, nullement abreuvés, ne voulaient plus marcher.Le colonel Everest connaissait parfaitement la situation.Mais, dur pour lui-même, il l était pour les autres.Il ne vouluten aucune façon suspendre les opérations du réseau trigonomé-trique, et déclara que, fût-il seul, il continuerait à se porter enavant.Du reste, ses deux collègues parlaient comme lui, et ilsétaient prêts à le suivre aussi loin qu il lui plairait d aller.Le bushman, par de nouveaux efforts, obtint des indigènesqu ils le suivraient pendant quelque temps encore.D après sonestime, la caravane ne devait pas être à plus de cinq ou six joursde marche du lac Ngami.Là, chevaux et bSufs retrouveraient defrais pâturages et des forêts ombreuses.Là, les hommes au-raient toute une mer d eau douce pour se rafraîchir.Mokoum fitvaloir ces considérations aux principaux Bochjesmen.Il leurdémontra que, pour se ravitailler, le plus court était d aller aunord.En effet, se rejeter dans l ouest, c était marcher au ha-sard ; revenir en arrière, c était retrouver le Karrou désolé, donttous les cours d eau devaient être taris.Enfin les indigènes serendirent à tant de raisons et de sollicitations, et la caravane,presque épuisée, reprit sa marche vers le Ngami.Fort heureusement, dans cette plaine si vaste, les opéra-tions géodésiques s accomplissaient facilement au moyen depoteaux ou de pylônes.Afin de gagner du temps, les astronomestravaillaient nuit et jour.Guidés par la lueur des lampes électri-ques, ils obtenaient des angles très-nets, qui satisfaisaient auxplus scrupuleuses déterminations.Les travaux continuaient donc avec ensemble et méthode,et le réseau s augmentait peu à peu. 190 Le 16 janvier, la caravane put croire un instant que cetteeau dont la nature se montrait si avare, allait enfin lui êtreabondamment restituée.Un lagon, d une largeur d un à deux milles, venait d être si-gnalé à l horizon.On comprend si cette nouvelle fut bien accueillie.Toute lacaravane se porta rapidement dans la direction indiquée, versune assez vaste étendue d eau, qui miroitait sous les rayons so-laires.Le lagon fut atteint vers cinq heures du soir.Quelques che-vaux, brisant leurs traits, échappant à la main de leurs conduc-teurs, s élancèrent au galop vers cette eau tant désirée.Ils lasentaient, ils l aspiraient, et bientôt on put les voir s y plongerjusqu au poitrail.Mais, presque aussitôt, ces animaux revinrent sur la rive.Ils n avaient pu se désaltérer à ces nappes liquides, et quand lesBochjesmen arrivèrent, ils se trouvèrent en présence d une eautellement imprégnée de sel, qu ils ne purent s y rafraîchir.Le désappointement, on peut dire le désespoir, fut grand.Rien de cruel comme un espoir déçu ! Mokoum crut qu il luifaudrait renoncer à entraîner les indigènes au delà du lac salé.Heureusement pour l avenir de l expédition, la caravane setrouvait plus près du Ngami et des affluents du Zambèse que detout autre point de cette région où l on pût se procurer de l eaupotable.Le salut de tous dépendait donc de la marche en avant.En quatre jours, si les travaux géodésiques ne la retardaient pas,l expédition serait rendue sur les rives du Ngami.On repartit.Le colonel Everest, profitant de la dispositiondu terrain, put construire des triangles de grandes proportionsqui nécessitèrent moins fréquemment l établissement des mi- 191 res.Comme on opérait surtout pendant des nuits très-pures, lessignaux de feu se voyaient admirablement, et pouvaient êtrerelevés avec une précision extrême, soit au théodolite, soit aucercle répétiteur avec une exactitude parfaite.C était à la foiséconomie de temps et de fatigues.Mais, il faut l avouer, pour cescourageux savants enflammés d un zèle scientifique, pour cesindigènes dévorés d une soif ardente sous ce climat terrible,comme pour les animaux employés au service de la caravane, ilétait temps d arriver au Ngami.Nul n aurait pu supporter en-core quinze jours de marche dans des conditions pareilles.Le 21 janvier, le sol plat et uni commença à se modifiersensiblement.Il devint raboteux, accidenté.Vers dix heures dumatin, une petite montagne, haute de cinq à six cents pieds, futsignalée dans le nord-ouest, à une distance de quinze milles en-viron.C était le mont Scorzef.Le bushman observa attentivement les localités, et aprèsun examen assez long, étendant la main vers le nord :« Le Ngami est là ! dit-il. Le Ngami ! le Ngami ! » crièrent les indigènes, accompa-gnant leurs cris de démonstrations bruyantes.Les Bochjesmen voulaient se porter en avant, et franchir encourant les quinze milles qui les séparaient du lac.Mais le chas-seur parvint à les retenir, leur faisant observer que dans ce paysinfesté par les Makololos, il était très-important pour eux de nepoint se débander
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