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.Ça n’affectera pas le lancement, mais selon sa trajectoire, ça pourrait poser un problème à Kennedy au cours de la semaine prochaine à peu près.— Merci de rester sur le qui-vive, dit le directeur adjoint du NSTS en parcourant la pièce du regard.Bien, reprit-il, constatant qu’il n’y avait pas d’autre question.Le lancement est donc prévu pour cinq heures du matin, heure de Washington.Nous nous reverrons à ce moment-là .10Punta Arena, MexiqueLa mer de Cortez brillait comme de l’argent martelé dans la lumière déclinante.Helen Koenig était attablée à la terrasse du café Las Tres Virgenes et regardait les bateaux de pêche rentrer à Punta Colorado.C’était le moment de la journée qu’elle préférait.La brise du soir caressait sa peau gorgée de soleil, et elle se sentait agréablement vidée.Un garçon posa devant elle la margarita qu’elle avait commandée.— Gracias, señor, murmura-t-elle.Leurs regards se croisèrent l’espace d’un instant.Elle vit un homme calme, digne, aux yeux las et aux cheveux striés d’argent, et elle éprouva un pincement de gêne.La culpabilité yankee, se dit-elle tandis qu’il repartait vers le bar.Un sentiment qu’elle éprouvait chaque fois qu’elle descendait à Baja.Elle sirota son cocktail en regardant la mer, charmée par les trompettes nasillardes d’un orchestre de mariachis qui jouait quelque part sur la plage.Ç’avait été une bonne journée.Elle l’avait presque entièrement passée en mer.Une plongée avec bouteilles le matin, suivie par une plongée à plus faible profondeur dans l’après-midi.Et puis, juste avant le dîner, elle avait nagé dans les eaux niellées par le soleil couchant.La mer avait toujours été son réconfort, son sanctuaire.Elle était constante, contrairement aux hommes, et jamais elle ne l’avait déçue.Elle était toujours prête à lui ouvrir les bras, à l’apaiser, et dans les moments de crise, c’est dans son sein accueillant qu’elle venait se réfugier.C’était pour ça qu’elle était venue à Baja.Pour nager, seule, dans ces eaux chaudes où personne ne pouvait l’atteindre.Pas même Palmer Gabriel.L’acidité de la margarita lui arracha une grimace.Elle la finit et en commanda une deuxième.L’alcool lui donnait déjà l’impression de planer.Peu importe.Elle était une femme libre, maintenant.Le projet était interrompu, annulé.Les cultures avaient été détruites.Palmer lui en voulait, mais elle savait qu’elle avait fait ce qu’il fallait.C’était plus sûr.Demain, elle ferait la grasse matinée, elle commanderait un chocolat chaud et des huevos rancheros pour son petit-déjeuner.Puis elle se coulerait dans les eaux, elle ferait une nouvelle plongée, un autre retour vers la mer, l’amour de sa vie.Un rire de femme attira son attention.Un couple flirtait, au bar.La femme était mince, bronzée, l’homme avait des muscles comme des filins d’acier.Des amours de vacances en préparation.Ils dîneraient probablement ensemble, ils marcheraient sur la plage, main dans la main.Et puis ils s’embrasseraient, ils s’étreindraient, selon le rituel bouillonnant d’hormones de l’accouplement.Helen les regarda avec un mélange d’intérêt scientifique et de jalousie féminine.Elle savait qu’elle n’était pas concernée par ce rituel.Elle avait quarante-neuf ans, et elle les faisait.Elle avait la taille épaisse, les cheveux poivre et sel, et un visage remarquablement banal, en dehors des yeux pétillants d’intelligence.Elle n’était pas le genre de femme qui attirait le regard des Adonis dorés par le soleil.Elle finit sa seconde margarita.La sensation de flottement envahissait maintenant tout son corps ; il était temps de manger un morceau.Elle regarda le menu du Restaurante de Las Tres Virgenes, ainsi que le proclamait l’inscription figurant en haut de la carte.Les trois vierges.Un endroit fait pour elle.Elle aurait aussi bien pu être nonne.Le garçon s’approcha pour prendre sa commande.Elle venait de commander la daurade grillée quand son regard, levé vers lui, tomba sur la télé, au-dessus du bar.Sur l’image de la navette spatiale dressée sur le pas de tir.— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle en indiquant l’appareil.Le garçon haussa les épaules.— Montez le son ! lança-t-elle en direction du barman.Je vous en supplie, il faut que j’écoute !Il tourna un bouton et le commentaire retentit en anglais.Une chaîne américaine.Helen s’approcha du bar, les yeux rivés sur l’écran.« … diagnostic de l’astronaute Kenichi Hirai.La NASA n’a pas donné d’autres informations, mais selon les rapports, les médecins de vol sont déconcertés par ses symptômes.Au vu des examens de sang d’aujourd’hui, ils ont jugé plus prudent d’organiser un sauvetage par navette.Discovery doit décoller demain, à cinq heures du matin… »— Señora ? demanda le garçon.Helen se retourna et vit qu’il tenait toujours son carnet de commandes.— Vous voulez boire autre chose ?— Non.Non, il faut que je parte.— Mais votre dîner…— Annulez ma commande.Excusez-moi.Elle ouvrit son porte-monnaie, lui tendit quinze dollars et quitta précipitamment le restaurant.De sa chambre d’hôtel, elle essaya d’appeler Palmer Gabriel à San Diego.Au bout d’une demi-douzaine d’essais, elle réussit à joindre l’opératrice de l’international, mais quand la communication fut enfin établie, elle tomba sur la messagerie vocale de Palmer.— Il y a un astronaute malade à bord de l’ISS, dit-elle.Palmer, c’est exactement ce que je redoutais.C’est contre ça que je vous avais tous mis en garde.Si ça se confirme, il va falloir agir en vitesse.Avant…Elle s’interrompit, regarda la pendule.Au diable tout ça, se dit-elle, et elle raccrocha.Il faut que je rentre à San Diego.Je suis la seule à savoir comment régler le problème.Ils vont avoir besoin de moi.Elle fourra ses vêtements dans sa valise, paya sa note d’hôtel et prit un taxi pour parcourir les vingt kilomètres qui séparaient la ville de l’aérodrome de Buena Vista – une simple piste.De là , un petit avion la ramènerait à La Paz, d’où elle prendrait un vol de ligne régulière pour San Diego.La route était mauvaise, sinueuse et pleine de nids-de-poule.Par les vitres ouvertes, elle recevait toute la poussière dans la figure.Mais la partie du trajet qu’elle redoutait le plus était le vol lui-même.Elle avait une peur panique des petits avions.Si elle n’avait pas été si pressée de rentrer chez elle, elle aurait fait la route en voiture.Mais sa voiture était restée sur le parking de l’hôtel.Elle se cramponna à l’accoudoir, les mains collantes de sueur, en imaginant la catastrophe aérienne qui l’attendait.Puis elle regarda le ciel nocturne, clair, dégagé, d’une douceur de velours, et elle pensa aux gens qui étaient à bord de la station spatiale.Elle pensa aux risques que prenaient tant d’autres êtres humains.Tout était question de perspective.Un trajet dans un petit avion n’était rien à côté du danger auquel étaient confrontés les astronautes.Ce n’était pas le moment de paniquer.Des vies humaines étaient en jeu.Et elle était seule à savoir ce qu’il fallait faire.Soudain, la route devint plus carrossable.La chaussée était maintenant pavée, grâce au ciel, et Buena Vista n’était plus qu’à quelques kilomètres.Sentant que sa passagère était pressée, le chauffeur accéléra et une bourrasque entra par la vitre ouverte, lui criblant le visage de poussière.Elle se pencha pour tourner la manivelle qui relevait la vitre.Soudain, elle sentit que le taxi se déportait pour dépasser un véhicule plus lent
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